En cette cinquième semaine de tournée, le Jury Régional a pu constater les efforts des communes situées non loin de la Côte d'Opale pour embellir leur territoire, protéger la biodiversité et offrir un cadre de vie agréable à leurs habitants.
Focus sur trois d’entre elles : Calais, la capitale de la dentelle, sa voisine Marck, qui baigne dans la Manche, et Ardres, commune touristique de l'Audomarois, marquée par les conflits qui ont jalonné l'histoire de la région.
Calais, "3 fleurs"
Premier port d'Europe continentale, Calais a été depuis le Moyen Âge, de par sa situation géographique, un point stratégique dans les conflits entre la France et l'Angleterre.
Les victoires des Plantagenêts lors de la Guerre de Cent Ans ont permis à la ville de rester sous domination anglaise de 1347 à 1558. Les espagnols l'ont ensuite occupé, avant qu'Henri IV ne la
rattache définitivement à la France en 1598.
Aujourd'hui peuplée de 73.500 habitants, la ville de Calais reste appréciée des touristes, notamment pour ses influences d'outre Manche et cette histoire chargée, illustrée par des œuvres comme
celle, de Rodin, représentant les Bourgeois de Calais.
Pour cette année 2015, Calais a entrepris un grand projet de valorisation de son identité locale à travers un ensemble d’aménagements.
A l'occasion des Journées du Patrimoine,
elle a ainsi réinstallé la cloche de l'église Notre-Dame, qui date du XIIIe siècle. Elle a également réalisé de belles répliques de voiliers avec des toiles conçues par la Cité internationale de la Dentelle, et décorées de motifs retrouvés dans des documents d'archives.
Ce projet associe aussi le fleurissement : au pied de la mairie, une "mixed border anglaise" symbolise les deux siècles d'occupation.
Elle est ainsi opposée à celle, typiquement "à la française", qui orne les jardins du parvis, représentant pacifiquement la longue querelle qui a opposé les deux peuples sur le territoire calaisien.
Lors de sa visite, le jury régional a pu admirer la récente restauration de l'église Notre-Dame, qui avait souffert des bombardements pendant les guerres mondiales.
Pour parfaire cette mise à neuf, la municipalité a décidé d'y associer l'aménagement du Jardin Tudor. Selon Emmanuel Agius, 1er adjoint à l'urbanisme, "c'est un jardin
qui reflète totalement le style du règne de Marie Tudor (1553-1558). Nos recherches nous ont permis de constituer une gamme de plantes de l'époque, des plessis (haies) garnis de plantes
médicinales ou ornementales".
Le décor est complété par le Jardin Charlemagne, constitué d'un labyrinthe, et par un Jardin des sept planètes qui viendra achever l'ensemble.
Finalement, Calais est-elle prête pour postuler à la quatrième fleur ? Réponse positive de Natacha Bouchart, maire de la commune : "plus qu'un label, cette quatrième fleur serait la récompense d'un long travail accompli".
Dans l'attente du verdict, Calais mène en tout cas de grands projets pour se donner les moyens de ses ambitions.
Un réaménagement du front de mer, de l'avenue Raymond Poincaré au Fort Risban (datant de la Guerre de Cent Ans) va voir le jour, "cela va valoriser ce bord de mer en créant un espace de
paysages dunaires qui sera un nouveau point touristique majeur".
La construction de l'écoquartier Descartes, débutée en 2009, est en voie d'aboutissement. Proche du centre-ville ce quartier est identifié par ses aménagements durables : deux bassins pour récupérer les eaux pluviales, éclairage public à LEDS, tri par colonnes enterrées pour la gestion des déchets.
Marck, "3 fleurs"
Située juste à l'est de Calais, Marck est une commune en plein développement. Sa population ne cesse de croître, ayant franchi la barre des 10.000 habitants en 2012. Forte de 31,55 km², il s'agit de la 4ème plus grande commune du Pas-de-Calais.
Son phare, construit par les anglais, matérialise la séparation entre la Manche et la Mer du Nord.
Après avoir obtenu sa troisième fleur en 2011, elle ambitionne de rejoindre bientôt d'autres villes du littoral, comme Gravelines et Grande-Synthe, au sommet du label, la quatrième fleur.
Marck dispose d'un vaste territoire, et possède une riche biodiversité qu'il est important de protéger. En cette année 2015, elle s'est ainsi donnée les moyen de mettre en œuvre un grand
inventaire environnemental de la faune et de la flore.
On peut trouver à Marck :
- Au moins un murin des marais, espèce de chauve-souris très rare en France, qui s'est abrité au sein de son étang, les Dryades
- Une colonie d'aigrettes garzettes et de hérons cendrés domiciliés au cœur du site des Aigrettes
- Du mouron délicat, fleur qui elle aussi se fait rarissime dans la région depuis une vingtaine d'années
Engagée depuis longtemps dans la démarche du label, Marck met à l'honneur chaque année un thème différent pour son fleurissement.
Pour 2015, la Coupe du Monde de football a laissé la place à Tintin.
Au détour du rond-point des Dryades, on peut distinguer, à côté de la fusée d'On a marché sur la Lune, les visages fleuris du célèbre journaliste belge et son fidèle ami à quatre pattes,
Milou.
Les personnages de Hergé sont ainsi représentés dans diverses situations propices à des aménagements originaux, comme le capitaine Haddock, assoiffé, s'abritant sous un palmier.
La visite du jury a aussi été l'occasion de voir la concrétisation du projet de la Ferme des Aigrettes : un espace pédagogique pour sensibiliser le grand public au respect de
l'environnement.
Il a été accueilli par Clovis Sabau, son directeur. Il explique que "la ferme a été rénovée entièrement avec des matériaux écologiques. Aujourd'hui, elle propose des animations, des ateliers de découverte des animaux, des plantes".
"On a installé un jardin pédagogique, un potager que les enfants viennent entretenir dans le cadre des activités périscolaires. Le surplus est donné à la population. A côté, il y a un labyrinthe de plantes, avec des plaquettes pour apporter des informations".
"La ferme propose un contenu très varié. On a aussi aménagé une salle d'expositions. En 2014, 30.000 visiteurs sont venus découvrir les Aigrettes".
Ardres, "3 fleurs"
Située à mi-distance de Calais et de Saint-Omer, Ardres, 4.400 habitants, est une commune verdoyante très appréciée par les touristes. Pour son maire, monsieur Ludovic Loquet, elle a su « préserver un charme unique en échappant au modernisme et aux métamorphoses architecturales ».
C’est notamment dans cette démarche de développement touristique que s’inscrit pour elle le label Villes et Villages fleuris. Il s’agit en effet d’un gage certain de sérieux en matière de qualité du cadre de vie.
Lors du passage du jury en 2013, elle a démontré qu’elle avait su consolider ses avancées en conservant sa troisième fleur.
Six hôtels permettent aux voyageurs de se reposer tout près du site incontournable de la ville, le lac de Ardres.
Étendu sur 64 hectares, c’est un lieu aux panoramas idylliques. Sa couleur verte émeraude est provoquée par le plancton, met favori des carpes, anguilles ou brochets qui en nombre nagent en son sein.
Le jury a eu la chance de découvrir cette année un nouveau cheminement, présenté par l’équipe municipale : « Le propriétaire a cédé sa bâtisse et son terrain à la commune. Cela va permettre aux ardrois et aux touristes de (re)découvrir le lac sous un autre angle ».
« Pour les réaménagements, nous avons engagé une réflexion avec le Parc Naturel Régional. On pense aussi à y créer des parcours pour les sportifs ».
Fortement attachée au label Villes et Villages fleuris, Ardres s'attache à transmettre l'amour de l'environnement en sensibilisant les plus jeunes.
Lors de sa visite, le jury a été accueilli par la directrice de l'école maternelle. Elle lui a montré le petit jardin qu'entretiennent les grandes sections, ainsi que les présentations que les
enfants ont réalisé.
Ces derniers disposent également d'une mare pédagogique, installée grâce à l'intervention de Nord
Nature Chico Mendès.
Adres est en effet consciente du bénéfice des partenariats pour ses aménagements : avec Eden 62, elle a pu
organiser des sorties pédagogiques sur le lac. Grâce à l'aide de l'association Circea, elle a aussi été capable d'implanter un jardin de plantes médicinales.
C'est ainsi une commune dynamique qui s'est donnée les moyens d'organiser des événements comme la nuit internationale de la chauve-souris.
Enfin, comment évoquer Ardres sans parler de son patrimoine historique ?
Terre fertile pour les bergers au Moyen-Âge, elle devint une ville fortifiée dès le règne de François Ier.
Elle a longtemps abrité un lieu secret, inconnu des habitants et pourtant juste sous leurs pieds. En effet, dans le contexte des tensions avec le royaume d’Espagne au XVIe siècle, les autorités ont décidé de creuser des silos à blé souterrains, les "Poires", pour protéger les récoltes en cas d'attaques.
Lors de la Seconde Guerre Mondiale, les souterrains ont été occupés par les soldats allemands pour stocker des armes. Leur entrée a ensuite été condamnée et leur existence complètement oubliée, jusqu'à leur redécouverte et leur restauration en 2003.
Ardres, ville d'histoire, a aussi eu l'idée d'installer son Office de tourisme dans la Chapelle des Carmes. Cet édifice du XVIIe siècle se situe devant l'ancienne place du marché. Les commerçants des Flandres y faisaient alors la fierté de la région, poumon économique du royaume.
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Prochaine étape de la tournée : le ternois et le cambraisis, à partir du 17 août.
Crédits photo : Flavie Dupagny et Gérard Lefebvre